RECHERCHES
À l'origine de ce projet, je me suis interrogée sur les différences et les similitudes entre les communications humaines, qu'elles soient naturelles ou artificielles, et les communications végétales. En effet, si les communications humaines sont le plus souvent intentionnelles et réfléchies, ce n’est pas le cas des communications végétales qui, quand à elles, sont permises par l’induction d’un stimulus. Dans le cas des forêts, objet d'étude de ce projet, les communications se font, entre autre, grâce à un important réseau souterrain.
Selon Peter Wohlleben, ingénieur forestier et écrivain, un gigantesque réseau de champignons permettrait aux arbres d’échanger et de communiquer. C’est ce que le botaniste et biologiste allemand Albert Bernhard Frank définit en 1885 comme le principe de mycorhize, une relation symbiotique entre une plante, et un champignon, et plus particulièrement un mycélium, un appareil végétatif filamenteux élaboré par les champignons. Cette association, existant depuis 500 millions d'années, assure une meilleure nutrition des arbres, une meilleure résistances du sol ainsi qu'un meilleur stockage de l'eau. En d'autres termes, la relation symbiotique entre les champignons et les racines de arbres, qui nous est totalement inconnue et invisible, constitue un élément essentiel des communications végétales et des échanges d'informations inter et intra-espèces.
RÉFLÉXION
Dès lors, ce réseau serait comparable à nos réseaux de communication modernes, développés depuis maintenant plusieurs dizaines d'années, notamment grâce à l'avènement d'Internet. Les câbles qui aujourd’hui nous permettent de communiquer à distance sont le plus souvent enfouis, cachés, si discrets que l’on oublie même leur existence. Il en est de même pour les arbres. Les champignons qui leurs permettent de communiquer ressemblent à s’y méprendre à une architecture réseau. Lorsque nous marchons en forêt, nous ignorons la plupart du temps que chaque arbre qui la compose communique avec ses semblables.
Finalement, après ces recherches, il m'est apparu qu'il pouvait exister une certaine analogie entre nos réseaux de communication, et les réseaux de communication végétale. En réalité, nous avons besoin d’Internet autant que les arbres ont besoin des champignons, que cela soit pour communiquer, ou pour en retirer un quelconque profit. Et inversement, Internet a besoin de nous pour exister autant que les champignons ont besoin des arbres pour survivre.
INSTALLATION
C’est dans ce contexte de recherche et de réflexion que j’ai eu l’idée de développer une installation parallèle (qui donne aujourd'hui son nom au projet). On retrouve, d'un côté, une ville, avec ses immeubles, ses appartements, ses lumières, et, de l’autre côté, une forêt luxuriante et pleine de vie. Entre ces deux dimensions, se trouve un réseau de connexions diverses, visible mais prisonnier, comme pour suggérer l'idée d'un réseau dont nous avons conscience mais qui pourtant nous est inaccessible.